François Martin

De Guitarepassion
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La Phénoménologie musicale

Par François Martin, guitariste et luthiste, Professeur à l'Ecole Normale de Musique de Paris, Master classes au CNSM de Paris pour la musique ancienne et la phénoménologie, C.A de guitare, professeur au Conservatoire à rayonnement départemental de Ville-d'Avray. Si cette démarche ou cette formation vous interpelle, nous pourrions cheminer au sein des établissements suivants: I. Conservatoire de musique à rayonnement départemental 10 rue Marnes 92410 Ville-d'Avray. Tel: 01 47 50 44 28 II. Ecole Normale de Musique de Paris/Alfred Cortot 114 bis Bd Malherbes 75017 Paris. Tel: 01 47 63 80 16 Vous pouvez également me contacter à cette adresse : contact@francois-martin.fr


PORTAIL DE LA PASSION CULTURELLE

Tout au long de notre histoire humaine, la vie artistique digne et sereine a du faire face à la pauvreté des mots, cette fumée qui finalement ne peut cacher la flamme joyeuse. Les Maîtres courageux, patients, discrets et lettrés sont à l'heure actuelle submergés par leurs contraires. Avec ce manifeste, nous voulons témoigner de l'existence d'un vivier extraordinaire de chercheurs, de créateurs et de passeurs. Tout un chacun pétri d'humilité, nous recevons, nous échangeons les cadeaux de la Nature des cinq règnes. Tel le marbre antique, nous témoignons que cela est. François Martin …. à toi André Targe, mon mentor de la première heure.

PROLEGOMENES

« La musique ne peut se découper en tranches. » Nadia Boulanger Pour vivre cette passion, la majeure partie d'entre nous est passée par d'étranges filtres afin de nous accoucher. Ces expériences nous apprennent la reconnaissance de nos Maîtres, la fidélité, l'amour du Beau, l'exigence, la vraie liberté : l'aube de notre propre révolution. Nos sensations sont sources d'émotions, ,de connaissance de nous-même afin de nous relier au coeur.

HISTORIQUE DES HERITAGES

A/ "" PYTHAGORE:

Vème siècle avant J.C, la loi des quintes. Bien sur les chinois, l'ancienne Egypte, voire les sumériens connaissaient les quintes et leurs enchaînements ; mais c'est Pythagore qui nous en parle avec une grande précision en les reliant aux mathématiques. L'octave et la quinte sont deux intervalles que l'on retrouve dans tous les systèmes musicaux des différentes cultures musicales du monde. Quelle est la dynamique entre les deux notes constituant un intervalles ?

B/

Est imprimé en 1565 à Valladolid en Espagne un ouvrage de référence : Santa Maria : Libro llamado Arte de taner fantasia ( L'art de jouer les fantaisies. ) Ce précieux livre nous renseigne sur de nombreux sujets. En l'occurence, deux remarques attirent notre attention : - le tactus minimum du musicien, autrement dit la battue, est la mesure. - l'utilisation d'une bonne note par mesure ; au début, au milieu, à la fin de celle-ci ? C'est la musique qui décide, en aucune manière cela sera nous. N'est-ce pas un merveilleux résumé définissant l'esprit du contrepoint ? C/

Les ouvrages nous parlent de la Belle Danse :

1°/ L'Orchésographie de Thoinot d'Arbeau (1519-1595) imprimé en 1588. C'est une descrption simple des pas de danse en usage à la Cour, mais qui nous permet déjà d'élucider les tempi et les accents.

2°/ A Versailles, sous le règne de louis XIV, s'élabore à sa demande une écriture très précise de la danse. Cette fois, la description des pas, des tempi et des caractères sont d'une telle exigence que nous assistons à la naissance de ce que nous appelons aujourd'hui : la danse classique ! Beauchamp, Lully, Pécour, Feuillet, Pierre Rameau etc. ont permis à Francine Lancelot de nous transmettre cet héritage. Cette grande Dame fut directrice de recherche au CNRS, chorégraphe à l'Opéra de Paris, fondatrice de « Ris et Danceries » soutenu par le Miniqstère de la Culture, et dont j'ai été l'élève chaque semaine durant cinq années. Puis, par filiation, c'est la naissance de « L'Eclat des Muses », dirigé par Christine Bayle, danseuse, chorégraphe, collaboratrice de Francine Lancelot ; nous fûmes co-fondateurs de cette compagnie de danseurs et de musiciens telle la magnifique et regrettée soprano Birgit Grenat.

D/ Au XVIIIème siècle, nous avons les témoignages d'interprétation du passé avec les boîtes à musique, les orgues mécaniques, les serinettes et le traité d'Engramelle 1775, pour connaître l'art de perforer les cylindres. C'est une partie de l'héritage précieux d'Antoine Geoffroy Dechaume qui m'a éclairé et conduit pendant plusieurs années.

E/ La rencontre déterminante avec Sergiu Célibidache, peut être le plus grand chef d'orchestre du Xxème siècle et, plus récemment, la fréquentation des cours de Narcis Bonet qui fut, entre autres, élève de Nadia Boulanger, tous ces héritages nous sont donnés pour ressentir et jouer John Dowland, Gautier, Gallot, Robert de Visée, Jean-Philippe Rameau, Jean-Sébastien Bach, Mozart, Fernando Sor, jusqu'à Stravinsky, Dutilleux etc. Maintenant face à ce fabuleux répertoire, comment cela sonne-t-il ? Comment notre sensibilité et notre créativité réagissent-elles lorsque l'égo cède sa place ?

COMPRENDRE

La phénoménologie ou la manière de jouer la musique ancienne sur les instruments modernes et anciens. Comment le son agit-il sur notre conscience ? Le son est-il musique ? D'où vient le son ? Qu'estce que le silence ? Ni l'un ni l'autre ne sont musique, seul le trajet entre les deux nous donne une sensation, voire une émotion ( le danger est la dictature du mental). Proposer une approche des musiques imprimées en Espagne vers 1535 (date des premières tablatures des vihuélistes), jusqu'à celles éditées de nos jours, pour essayer de comprendre comment les compositions d'aujourd'hui se rattachent aux partitions d'hier, voilà notre défi ! En musique phénoménologique le temps doit disparaître. Entreun Menuet de Mozart, qui dure trois minutes, et une symphonie de Bruckner qui s'exprime sur une heure, le temps est identique, « … il n'existe pas » nous dit le Maître Sergiu Célibidache. Le temps nourrit le mental et non notre conscience qui nous fait vivre la transcendance. Notre propos est d'écouter, de ressentir la somme des oppositions. Perdre le moment présent est déconcentration et par cette manière, perdre la musique : nous partons alors vers l'inconscience. Le mental livré à lui-même créer des instabilités ainsi qu'Ernest Ansermet nous l'explique dans son ouvrage « Les fondements de la musique dans la conscience humaine ». Il faut être observateur de la quinte, il n'y a pas d'alternative ; et le fait que chacun d'entre nous soit unique veut dire que personne ne peut jouer comme quelqu'un d'autre. Ressentir est savoir ce que nous sommes. On ne peut étudier le chocolat et en parler autant que l'on voudra, nous ne le connaîtrons pas vraiment avant de l'avoir goûté. C'est découvrir autre chose que la forme extérieure, autrement dit : l'illusion ! L'esprit est au-delà des mots, il faut ressentir … il n'y a rien à comprendre avec notre mental.

LA PEINTURE:DECOUVERTE INCONTOURNABLE

« la peinture se comporte selon les mêmes lois que la musique. »

Sergiu Célibidache

A la fin des années soixante-dix, fréquenter l'ami André Targe n'était pas tâche facile, tant sa vision planait au-dessus de bien des postulants. Me donnant quelques informations sur la sémiologie de l'image *, l'ordonnance d'un texte littéraire ou encore dans des domaines musicaux assez éclectiques, ma conscience du moment avait bien du mal à suivre. Durant ses cours, la petite phrase de Célibidache était restée sans suite dans mon esprit sur l'instant. Cependant, le douloureux et nécessaire contretemps de ma dytonie de fonction me fit rencontrer un grand pédagogue et artiste en matière de dessin et de peinture : Réjan Guibet. Après deux années passées auprès de lui, je me suis retrouvé copiste au Musée du Louvre de Paris durant trois ans. Au terme de cette période, la fameuse phrase refit brusquement surface pour me laisser vivre cette évidence : la loi des quintes est identique en peinture ! A la lumière de cette découverte je comprends, aussi, enfin, les remarques, les confidences d'André Targe.

  • Créateur de la chaire de sémiologie de l'image à la Faculté de Grenoble